samedi 19 mai 2018

Je ne suis pas Candide. Lettre à Donald J. Trump

Je m’adresse à toi car je suis bouleversé,  chamboulé, indigné !

Cher Donald Trump, très cher, très onéreux Président des Etats-Unis d'Amérique, cher être humain,

© Chantal Torrécillos - Blessure
© Chantal Torrécillos - Blessure
L'actualité est parfois étonnante de la morgue avec laquelle elle nous retourne des calottes, semant le doute sur les certitudes qui semblent tenir lieu d'esprit aux personnes les plus largement admises à détenir les pouvoirs qui conduisent l'humanité vers son but.

Etonnante, parce que d'esprit on convient parfois qu'il n'y en a pas beaucoup qui imprègne ces certitudes.

Moi, par exemple, j'avais la certitude en t'entendant, cher camarade, devant la convention de la NRA, ce début mai à Dallas, que tu étais dans de mauvaises certitudes en soutenant qu'il était bien plus heureux de savoir que chaque américain puisse être armé pour se défendre, et l'esprit qui t'animait était sans doute très pauvre de bon sens.

© Stéphanie Guët - Orage IV_12x15cm_huile sur carton_2016_st guët
© Stéphanie Guët - Orage IV
Surtout que j'ai bien entendu comme tu utilisais dans ton argumentation les faits relatifs aux attentats, si lourds de victimes et de malheurs, qui avaient touché la France, Paris, et dont tu présupposais que si les français avaient eu le droit d'être armés, ces évènements auraient été moins mortels.

De proche en proche, on a pu constater que le pays qui t'a confié sa destinée est touché par des attentats répétés, perpétrés par des personnes dont le caractère criminel est lié certainement plus à leur pathologie psychiatrique d'une part, et à la facilité de disposer d'armes et de les utiliser d'autre part, et encore pas plus tard qu'hier, il y a eu de nouveau des morts. C'est d'une tristesse consternante.

Le peuple américain, principalement les plus jeunes américains touchés récemment par le fait que des meurtres en série ont eu lieu dans des établissements d'enseignement, a manifesté largement, pour exiger quelques ajustements dans les pratiques collectives des Etats-Unis.

Tu ne veux pas entendre, et tu préfères obtenir les battements de mains des sympahisants et adhérents de la NRA ... et ... paf ... encore des morts.

La calotte. Parfois, souvent, le destin nous poursuit.

Le temps nous apprend toujours quelque chose. Et comme le temps s'écoule toujours dans le même sens, on ne peut pas revenir en arrière. Les morts sont bien définitivement des vies perdues. Les blessés des vies gâchées.

C'est un peu délicat de mettre en relief dix morts et autant de blessés, selon les informations du moment, sur les évènements de Santa Fe. D'autant qu'il s'agit d'êtres humains qui ont une histoire, des êtres chers qui vont verser des larmes, un parcours qui les conduisait peut-être vers de grandes destinées. Sait-on jamais quand une vie se perd ce qu'elle aurait pu apporter de richesses ?

Le temps nous enseigne aussi que nous disparaîtrons toutes et tous un jour, finissant nos vies respectives dans des urnes ou des boîtes, dispersés, ou enfouis dans le sol d'une terre plus ou moins hospitalière.

Pour des raisons diverses et variées, notre vie nous sera reprise, tôt ou tard. La mienne, un jour ou l'autre, pas si lointain. La tienne aussi.

Il y a des choses qui peuvent arriver au fil du temps et contre lesquelles nous ne pouvons rien.

Il y en a d'autres que l'on peut envisager avec une certaine logique simple. Et quand on refuse les logiques les plus simples qui conduisent à éviter des drames, on peut se demander si l'esprit et la raison ne se sont pas échappés de nos pensées.

© Stéphanie Guët - Patatra_17x25cm
© Stéphanie Guët - Patatra
Le drame de Sante Fe est à la fois lourd, important, et il peut aussi paraître insignifiant au regard d'autres drames nombreux pour lesquels les uns ou les autres nous pouvons avoir notre part de responsabilité. Je suis par exemple pour partie descendant des hébreux, et je voyais ces jours-ci une foule de gens courir pour échapper à des murs de feu artificiellement déversés par des soldats qui riaient. Ca me touche. Et c'est très grave.

Chaque personne peut dans sa vie peser plus ou moins sur le cours des choses. Je ne suis l'un dans l'autre pas grand chose pour ce qui me concerne, je n'ai en tout cas aucune prétention à disposer de pouvoirs qui encadrent la vie des gens, c'est un choix personnel qui m'anime dans ce sens. Ne pas risquer de créer, de provoquer le malheur des autres est un choix que j'ai fait, qui me pousse très modestement à tenter de ne contribuer qu'à ce qui peut faire un petit peu de bonheur autour de moi.

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© Stéphanie Guët - Orage (IV)
J'en viens avec le temps, qui passe, toujours ce temps, à la conclusion que tenter de faire un peu de bonheur nous enferme aussi dans une très grande modestie. C'est ainsi et je m'en satisfais assez bien.

Le Président de mon pays, que tu recevais récemment plus que les bras ouverts, considère des personnes comme moi pour des "riens" dans sa maladroite prestance à s'adresser aux gens.

Ca doit être un style, une posture de considérer d'un côté des gens animés par des desseins modestes, et de l'autre des grands dirigeants politiques dont l'esprit et la raison s'échappent un peu. Au point de faire des choix qui consistent à convoquer les uns pour taper sur les autres, à donner les moyens à certains d'en tuer ou d'en blesser d'autres, et de s'endormir paisiblement rassuré par l'idée d'un travail bien fait.

Or ce n'est pas le cas. Tout ce que je vois est un travail parfaitement salopé, honteusement bousillé, et par je ne sais quel miracle particulier personne n'ose te dire que tu bosses comme un gougnafier.

Aujourd'hui je pensais juste rendre hommage aux victimes de Santa Fe, et rendre justice à la mémoire des gens qui meurent pour rien, ou plutôt si, des morts et des blessés que portent en responsabilité morale, au moins, des gens comme toi. On ne peut pas quand même se satisfaire de sourires béats au vu de l'actualité. Il faut dire les choses pour être utile au moins à la postérité.

La grandeur d'une personne se mesure de différentes manières, et sa petitesse tout autant. On peut le faire en centimètres ou en actions bonnes ou mauvaises tout aussi bien. J'espère voir de grands hommes un jour aider le plus grand nombre à vivre mieux. Aujourd'hui nulle part je ne vois cela.

© Stéphanie Guët - whisper III_huile sur bois_11,5x20,5cm_2014
© Stéphanie Guët - whisper III
I will finish by telling you I have written this text using the language best corresponding to my feelings, in accordance with the Age of Enlightenment of the French culture which usually supports humanism, tolerance, openness and the will to share with many people around the world. And I will also wish you all the best and say « God bless you and America »







Avec l'aimable autorisation de Stéphanie Guët et Chantal Torrécillos pour l'iconographie

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