mardi 6 mars 2018

Bon au travail ? Bon de travail

Je dédie ce petit exposé à mes amis de la coordination de Vent debout, avant tout. Parce que les longues discussions sont une forge qui permet de façonner les idées claires.

Et puis je me fais un petit plaisir à moi en dédicaçant ce texte à Benoît Hamon, et Luc Carvounas, comme je vous lis, vous écoute l'un comme l'autre, et que des fois j'arrive à trouver la synthèse de mes propres questions dans ce que vous posez comme idées.

Je n'oublie pas toutes les personnes qui me sont chères, car a discuter avec beaucoup de monde, je pense que finalement je n'ai pas tant travaillé ici à rédiger ce texte, qu'à mettre en ordre les échanges, nombreux, variés, pas toujours sympathiques, mais tellement enrichissants.

Bon ... au travail.

Le travail dans nos textes officiels

(Les éléments qui suivent ci-dessous en italique sont empruntés à Wikipedia.)

La loi du 19 mars 1793 affirme : « Tout homme a droit à sa subsistance par le travail s'il est valide ; par des secours gratuits s'il est hors d'état de travailler. Le soin de pourvoir à la subsistance du pauvre est une dette nationale. »

De même, l'article 21 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 affirme : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »


Le droit de travailler devient ensuite une revendication centrale de la République sociale lors de la Révolution de 1848. La gouvernement provisoire instaure alors les Ateliers nationaux, et de la commission du Luxembourg, des ateliers sociaux sous la direction de Louis Blanc (qui avait signé Organisation du travail en 1839).

Le droit au travail a ensuite été proclamé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. » (article 23).

Il est aussi inclus dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 (art. 6), Charte sociale européenne de 1961 (art. 1), de même que dans la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981 (art. 15).

De même, la Constitution de 1946 affirme : « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi », droit qui est repris dans la Constitution de 1958 qui fonde les bases de la Ve République.

Dans la décision n° 85-200 DC du 16 janvier 1986, le Conseil constitutionnel a affirmé qu’il appartient au législateur « de poser les règles propres à assurer au mieux le droit pour chacun d’obtenir un emploi en vue de permettre l’exercice de ce droit au plus grand nombre d’intéressés. » L'Agence nationale pour l'emploi (ANPE), créée en 1967, découle de ce principe

Mais en fait le travail c'est quoi ?

Au sens économique usuel, le travail est l'activité rémunérée ou non qui permet la production de biens et services. Avec le capital, c'est un facteur de production de l'économie. Il est essentiellement fourni par des employés en échange d'un salaire et contribue à l'activité économique. Le processus d'entrée et de sortie de l'emploi se fait par le marché du travail.

Son étude économique est faite par l'économie du travail, son étude sociologique correspond à la sociologie du travail, et son cadre juridique est le droit du travail.


Le travail d'une force est l'énergie fournie par cette force lorsque son point d'application se déplace (l'objet subissant la force se déplace ou se déforme). Il est responsable de la variation de l'énergie cinétique du système qui subit cette force. Si par exemple on pousse une bicyclette, le travail de la poussée est l'énergie produite par cette poussée. Cette notion avec ce nom fut introduite par Gaspard-Gustave Coriolis. Le travail est exprimé en joules (J), et est souvent noté W, initiale du mot anglais work qui signifie travail.

Le mot aurait une étymologie qui renvoie à la torture, à la personne qui fait souffrir (latin tripaliare, qui signifie torturer avec le tripalium).

Donc étymologiquement il faut en baver ?


Cette hypothèse autour de tripalium a déjà été contestée, par d’éminents linguistes, dont Émile Littré et Michel Bréal, qui ont privilégié l’influence d’un autre étymon, le latin trabs qui signifie « poutre » et qui a généré entraver. L’idée est que la notion de souffrance, qu’on décèle dans beaucoup d’emplois du mot travail dès son apparition au XIIème siècle, exprimerait ce que ressent l’animal quand on l’entrave (on immobilisait les animaux afin de soigner une blessure ou de les ferrer, par exemple).

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Mais d’autres éléments invitent à se tourner vers une autre histoire génétique du verbe travailler, d’où découle le nom travail. En particulier, l’étude faite par Marie-France Delport des mots hispaniques médiévaux trabajo (= travail) et trabajar (= travailler), dont elle montre qu’ils expriment une « tension qui se dirige vers un but et qui rencontre une résistance ». L’auteure propose de rapprocher cette description sémantique du préfixe latin trans-, qui se réduit souvent à tra- (tramontane, traverser, traboule, etc.), et qui exprime un principe de passage d’un état vers un autre. L’auteure est citée par Jean-Luce Morlie, qui propose un rapprochement entre les équivalents de travail dans plusieurs langues, et dégage la séquence consonantique [rb] comme patron commun (laBor en latin, aRBeit en allemand, RaBot en Russe, etc.).

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Néanmoins cette hypothèse alternative rencontre des difficultés : le latin labor utilise objectivement la séquence [br], mais la dernière consonne appartient au suffixe de déclinaison, commun à une série de noms (dolor, soror, color, etc.). La base de labor se restreint donc à lab, c’est cette séquence qu’il est préférable d’utiliser dans le cadre d’une recherche lexicale. Enfin, et surtout, toutes ces hypothèses butent sur une énigme : le lien formel évident entre travail et l’anglais travel, qui signifie « voyager ». Tout porte à croire que l’anglais travel provient bel et bien de France, à l’époque médiévale et peut-être avant. Les tenants de l’hypothèse de l’étymon tripalium imaginent que le verbe anglais exprime la souffrance, voire le supplice, du voyageur de ces temps reculés, où il était difficile de se déplacer sur de grandes distances. Cette explication est, comme disent les anglais, « far-fetched » (« tirée par les cheveux » en français) et en tout cas exagérée. Il est préférable de rechercher une source qui serait commune à l’anglais travel et au français travailler, en imaginant une bifurcation vers l’idée du voyage – accompagnée de l’idée d’effort ou d’obstacle à franchir – et une autre vers l’idée plus générale de « tension vers un but rencontrant une résistance ». C’est possible dès lors qu’on rassemble les pièces du puzzle :
A bien suivre les possibles, et sans avoir de certitude, il ressort que si beaucoup de gens pensent que le travail renvoie à la souffrance, à l’entrave, l’hypothèse qui vise à identifier le travail comme quelque chose qui implique un mouvement, un déplacement, un changement d’état est plus vraisemblable.

De cette raison il ressort que le travail est une notion qui représente une action, une interaction, entre l’individu, ou l’objet, et quelque chose qui lui est extérieur. Sans changement d’état entre l’individu et son environnement, il n’y a pas de travail.

Bon, le travail on a compris, mais pour quoi faire dans la vie de tous les jours ?

Le travail étant un objet essentiel de la pensée sociale, il est souvent considéré comme la source de valeur permettant de disposer du nécessaire pour vivre. On travaille pour se nourrir, se loger, rendre service … ce qui amène toujours au principe de rémunération.

Pourquoi ? Pour se payer le gîte et le couvert.

Si nous partons de l’idée que nous avons tous droit à un travail, idée communément admise, parce que c’est un droit constitutionnel né de la révolution de 1789, nous y avons droit précisément parce que nous affirmons que chaque personne doit disposer de moyens pour vivre.

La société doit pourvoir à ce besoin, en créant les conditions nécessaires et suffisantes pour que chacun dispose d’un travail, pour obtenir une rémunération, et pour pouvoir en vivre dans les conditions normales d’existence.

L’Histoire nous montre combien ces notions sont étroitement liées à l’économie, et les sociétés de tout temps ont tenté de déterminer les voies possibles pour permettre aux gens d’exister en mesurant leur part de travail au sein du groupe, de la société.

Lorsqu’un groupe assure le travail de ses membres et lui fournit les moyens d’en vivre, il peut échanger ce travail contre un logement, de la nourriture, de l’argent … et c’est là que les choses ne sont pas uniformes, tout dépend du mode d’organisation de la société que l’on observe.

La rémunération au sens moderne, le salaire par exemple, est la règle mise au point pour permettre d’échanger notre travail contre un moyen de se payer un logement, à manger …

C’est de cette idée que les révolutionnaires de 1789 ont écrit que toute personne a droit à un travail, et donc à un salaire, pour pouvoir vivre dignement, en “homme libre”.

Le principe de liberté tel qu’il est compris dans les démocraties modernes implique que chacun peut choisir son logement, ce qu’il mange, … et que pour cette liberté, il peut accéder à un travail, qu’il échange contre un salaire … qui lui permet de vivre librement.

Alors le travail c'est quand t'es payé ?

Il n’en existe pas moins beaucoup de circonstances dans lesquelles nous travaillons sans être rémunérés. Et si nombre de ces circonstances concernent des activités qui nous sont personnelles, il n’en reste pas moins que beaucoup de nos activités sont tournées vers les autres, qu’elles constituent un travail … qui ne sera pas payé.

A chacun dans ce cas de calculer le prix de son travail rémunéré, pour pouvoir se permettre de faire d’autres tâches qui ne le seront pas.

Le travail peut donc être rémunéré ou pas. Si tout le monde a du travail, il devient alors facile d‘organiser la société de telle sorte qu’il y aura toujours quelqu’un pour faire un travail, que cette personne sera payée, et tout le monde est satisfait.

Un marché du travail peut s’organiser autour de ça, pour savoir qui propose du travail, qui est prêt à le faire. Les gens peuvent même discuter du prix de ce travail, et on observe raisonnablement un ordre des choses plutôt stable. Quelqu’un qui demande trop pour un travail risque de ne pas être choisi pour le faire, et inversement un employeur qui demande trop de travail pour un salaire ne trouvera peut-être personne.

Quand l’offre de travail à faire est supérieure à l’offre de travailleurs disponibles, le marché verra sans doute le prix du travail monter. Et inversement si le travail vient à manquer, le prix consenti par les employeurs pourra baisser.

Donc il y a des employeurs et des employés. Qui sont-ils ? Tout le monde, chaque personne, est employeur, et beaucoup de personnes sont employées par d’autres.

L’employeur est celui qui requiert un bien ou un service porté par d’autres personnes qui le lui fournissent.

L’employé est celui qui, requis par un employeur, apporte le bien ou le service attendu.

Ils peuvent être liés par un cadre particulier, comme un contrat de travail, ou un contrat de mission de prestataire de services, par exemple. Ils peuvent être également dans un échange non contractualisé autrement que par le droit commun.

Lorsque j’achète un produit à un commerçant, je suis l’employeur, qui demande un bien à une personne. Le temps de la transaction le commerçant, ou son commerce, représentent l’employé. Je rémunère le commerçant selon un prix convenu, que j’accepte et que je paye. Le commerçant fera son affaire de l’argent qu’il reçoit et de son emploi.

Si je fais travailler une personne pour repeindre mon salon, nous nous entendons sur le prix que je verserai, avant, après, ce sont des éléments de négociation, et le peintre m’aura indiqué le prix de son travail. Eventuellement aussi le prix de la peinture. Le prix payé au peintre dépend de ce sur quoi nous nous mettons d’accord.

Je travaille pour vivre, même quand je travaille pas
La société s’est organisée pour permettre aux gens de vivre, de leur travail autant que possible. Elle a mis en place aussi des instruments de régulation de la vie économique et sociale, en acceptant que les personnes puissent recevoir une éducation, ce sont les enfants principalement qui vont l’école, et que les personnes les plus âgées puissent se reposer, ce sont les anciens qui prennent leur retraite. Les enfants et les retraités constituent les “inactifs”, tandis que tous les autres, qui sont en capacité de travailler sont les actifs.

Tous les actifs ont droit à un travail, pour pouvoir vivre dignement. Les inactifs doivent être pris en charge car ils ne travaillent pas encore, ou plus, et n’ont donc pas de possibilité de disposer d’un revenu.

Les retraités, dans nos sociétés modernes, reçoivent une pension de retraite, pour avoir cotisé à des caisses de retraite qui ont capitalisé les dépôts ainsi constitués pour verser les pensions. Pour les retraités qui n’ont pas eu le bénéfice d’une retraite il est prévu de leur attribuer des “minimas sociaux” leur permettant de vivre dignement … en théorie, parce que les réalités économiques ont fait que les minimas sociaux n’assurent plus tout à fait la dignité malheureusement.

Les jeunes, qui sont scolarisés, ne sont pas des actifs. Pour deux raisons, la première étant qu’on ne fait pas travailler les jeunes de moins d’un certain âge, par principe, pour permettre aux enfants de se développer dans les meilleures conditions possibles. La seconde raison est liée à la première, le développement des enfants intègre la formation, la scolarisation, peu compatible avec le travail des enfants.

La société s’est organisée sur le principe que les enfants ont des parents, ou des tuteurs, qui font leur affaire de loger, nourrir, et veiller à l’éducation des enfants dont ils ont la charge.

Donc les actifs travaillent, et les inactifs vivent, en principe dignement, avec les moyens qu’on a mis à leur disposition. Du travail pour les actifs, la bienveillance de parents ou tuteurs pour les jeunes inactifs, et une pension pour les personnes retraitées.

On a même prévu en principe de donner de quoi vivre à des personnes qui sont classées comme actives, c’est à dire ayant l’âge de travailler, mais qui, sans travail, et pour différentes raisons possibles, doivent assurer un minimum de revenu pour vivre. C’est le cas des chômeurs, personnes qui ont droit à un travail mais qui n’en ont pas trouvé un. C’est le cas aussi de personnes ponctuellement ou durablement malades, qui peuvent être prises en charge par un système d’assurance maladie par exemple, ou de personnes dont un handicap particulier les empêche d’intégrer une vie socioprofessionnelle, et qui peuvent bénéficier d’un régime particulier de prise en charge pour des revenus.

Je travaille pour qui ?

Chacun a droit à un revenu pour vivre dignement, et hormis les exceptions particulières, ce revenu est généré par un travail … c’est à dire un emploi. Cet emploi peut-être contracté avec un employeur particulier, dans le cadre d’un contrat de travail.

Il y a des gens qui n’ont pas d’employeur attitré, qui s’emploient eux-mêmes à trouver différents employeurs en fonction du moment. C’est le cas des personnes sous statut “libéral”, des commerçants, des artisans, des entrepreneurs divers et variés qui sont “à leur compte”.

La différence, dans notre société moderne, entre les les gens qui travaillent sous contrat de travail salarié, et les autres réside principalement dans la forme de contrat qui les relie à leur employeur.

Les salariés sont en principe des employés travaillant pour un temps défini, selon un calendrier connu d’avance, avec des revenus prédéfinis, en bref, les salariés savent à quelle sauce ils seront mangés, chaque jour, chaque semaine, chaque mois, et chaque année.

Le contrat de travail d’un salarié peut avoir une fin ou pas, il sera à durée déterminée ou indéterminée, avec des dispositions particulières ou pas. Jusqu’à l’an 1 de l’ère Macron qui ne durera pas beaucoup d’années c’est sûr, le cadre contractuel pour un salarié était réglementé par un code du travail assez précis, augmenté de conventions collectives et de droits et devoirs entre employeur et employé qui étaient relativement normalisés pour toutes les entreprises. Le Code du Travail et tous ses accessoires ont été modifiés pour permettre à chaque entreprise de définir des règles plus personnalisées pour la forme et le contenu des contrats.

Un contrat de travail est, et reste jusqu’à présent attaché à une rémunération, un salaire.

La société en général met en avant l’idée que tout travail mérite salaire.

Elle répond ce faisant à une obligation qu’elle s’est faite que toute personne a droit à un travail lui permettant de vivre dignement.

Il n’en reste pas moins que cette notion de salaire contre travail ne s’applique pas à tout le monde de manière identique.

Si le salarié sous contrat est en principe certain d’être payé pour le travail qu’on lui propose et qu’il fait, beaucoup de gens ne sont pas salariés d’un employeur. Et le temps où les salariés étaient les plus nombreux des actifs est révolu. Ce n’est pas une question de conjoncture, les entreprises susceptibles d’employer un grand nombre de salariés pour des travaux sur le long terme sont en train de se transformer.

Cette transformation vient du fait que les techniques modernes permettent de remplacer de mieux en mieux le travail humain, dans les usines, par des machines. Indépendamment de l’idée qu’il soit bien ou mal de remplacer les gens par des machines, force est de constater que là où la machine peut remplacer l’humain, elle soulage l’humain d’un travail.

Le travail industriel est donc depuis un certain nombre d’années devenu plus rare. Il en va de même d’ailleurs pour certains métiers qui ne relèvent pas seulement de l’industrie et des usines. On trouve également une raréfaction de certains métiers, certains savoir-faire où les gens de métiers sont éventuellement devenu remplaçables par d’autres moyens que des personnes.

Retirer des personnes d’un cycle de fabrication, de transformation … d’un travail, c’est réduire le nombre d’emplois proposés. Si le marché perd des offres d’emploi, c’est le chômage qui pointe son nez. Moins d’offres et plus de gens “sur le marché” ça fait baisser le prix du travail forcément. Le prix du travail rémunéré !

Qu’en est-il du travail que nous faisons, lorsque nous en faisons un sans être payé pour ça ?
Et d’abord dans quelles circonstances travaillons-nous sans être payés ?

Le travail est-il seulement travail lorsqu’il est rémunéré ?

Oui selon les personnes qui estiment que le mot travail représente une chose qui s’inscrit uniquement dans le cadre de la vision socio-économique du travail. Non si on part du principe que le travail existe dès lors qu’il y a changement d’état de quelque chose qui n’est pas exclusivement destiné à l’être ou l’objet qui le produit.

Et il y a même travail dans le fond lorsqu’une personne produit quelque chose qui transforme ou change l’état des choses en elle-même. On parle de “faire un travail sur soi”, ce qui est immatériel, intérieur, mais qui pourtant demande un effort ! Et n’est généralement pas rémunéré … on se paye rarement soi-même des efforts que l’on fait. Quoique : il n’est pas si rare de s’accorder quelque repos après avoir contribué à faire avancer les choses, ou un moment de distraction. A qui le doit-on sinon à soi-même ?

Mais en principe je ne travaille pas pour des nèfles
Si il y a une chose qui semble assez universelle, c’est qu’un travail, quelqu’il soit représente un changement d’une manière ou d’une autre, et que ce changement implique une dette envers celui qui produit ce travail. Lorsque cette dette est tournée vers soi-même son paiement n’a pas à faire l’objet d’un paiement.

Si cette dette est contractée par une autre partie que nous-mêmes, elle peut être couverte de différentes manières.

Et si nous agissons de telle sorte qu’un travail que nous faisons, quelqu’il soit, puisse profiter à d’autres, il semble raisonnable que ces autres s’acquittent de la dette ainsi contractée. Cet acquittement se fait par le versement d’un salaire, qui constitue le revenu de ce travail.

Le salaire est communément payé en argent, en monnaie sous une forme concrète avec des pièces et des billets, ou par un virement sur un compte bancaire ou peu importe. Le vecteur le plus courant c’est l’argent.

Mais il n’est pas rare d’être payé d’autres manières, par la fourniture de biens ou de services qui nous sont utiles.

Une personne qui fournirait un travail à un employeur et qui en recevrait par exemple le gîte et le couvert en rémunération, plus un petit quelque chose en argent pour y trouver une liberté quelconque en plus serait correctement rémunéré. Le montant d’un salaire est parfois assez complexe à décrypter.

Dans une société organisée de telle sorte que les gens ne manquent de rien, le salaire pourrait être pourvu principalement par l’accès à tous les services communs, et les rémunérations complémentaires pourraient être assez faibles.

Les sociétés ont souvent préféré évoluer vers des systèmes dans lesquels les rémunérations sont les plus importantes pour laisser chacun libre de choisir les biens et services selon son désir et les lois du marché. Ce qui correspond à une vision libérale de la société, dans laquelle les biens et services communs sont réduits au minimum.

L'évolution du marché du travail au fil des temps
L’un des problèmes récurrents liés au travail des gens, vient, comme nous l’avons vu plus haut, du fait que l’ère industrielle, commencée au 18ème siècle, on parle de la révolution industrielle à partir du 19ème siècle, et qui a permi de mettre tout le monde au travail dans des entreprises organisées a terminé un cycle important.

Avant la révolution industrielle, les peuples vivaient dans des pays aux activités principalement agraires et artisanales. A partir de la révolution industrielle le travail des humains s’organisent de plus en plus autour de la production dans des usines, des industries, permettant d’extraire, de transformer des ressources, de fabriquer des produits semi-ouvrés, ouvrés, des produits finis, des biens de consommation ou d’équipement … cela n’existait pas avant. Et cela a changé le visage de l’humanité toute entière.

La part du travail agricole a proportionnellement diminué, en apportant y compris dans l’agriculture la mécanisation, l’industrialisation de la transformation des produits etc.

Aujourd’hui un pays comme la France, qui compte un peu moins de 70 millions de personnes, dont un peu moins de 30 millions d’actifs, fait travailler à peu près un million de personnes dans l’agriculture.

C’est une part faible de la population qui contribue à “nourrir” le pays. Deux siècles plus tôt on estime que 5 personnes sur 6 travaillaient dans l’agriculture. Si ce ratio était encore vrai aujourd’hui, l’agriculture pèserait plus de 20 millions d’emplois.

L’ère industrielle, et sa conséquence première : la mise au point de communications terrestres avec les chemins de fer ont totalement modifié le paysage et la carte du travail. Le chemin de fer, suivi par l’industrie mécanique, qui a apporté nombre de choses à l’industrie elle-même, et à l’agriculture. Au début du 20ème siècle les premiers tracteurs font leur apparition, pour remplacer le travail de 20 personnes et plus.

Et maintenant quel avenir pour travailler ?
Désormais, nous sommes dans une ère que certains qualifient de post-industrielle. Peu importe l’étiquette. Mais ce qui s’est déroulé sur un peu moins de deux siècles principalement consiste à avoir industrialisé par le travail des gens, appris à maîtriser des technologies pour remplacer le travail des gens par des dispositifs, des outils, des automates, et désormais l’industrie des hommes se passe de plus en plus d’eux pour continuer de produire.

De plus en plus de choses se font par le travail non plus des gens mais des outils eux-mêmes.

L’outil est un objet inventé, produit pour permettre à la personne de réaliser quelque chose plus facilement. C’est une extension de nous-mêmes qui nous donne la possibilité de soulager notre travail, de le rendre plus facile, ou d’augmenter par exemple la distance à laquelle nous pouvons agir sur notre environnement.

Historiquement l’être humain créé des outils depuis toujours. Pour se faciliter les choses, pour mieux faire et avec moins d’effort. La personne qui utilise l’outil est bien celle qui produit le travail, en améliorant sa capacité à le faire grâce à l’outil. L’outil en lui-même n’est pas doué de la capacité de faire le travail sans que l’ouvrier ne le tienne ou le commande.

On a mis au point des outils de plus en plus perfectionnés, qui embarquent désormais bien souvent une certaine forme d’intelligence, tant et si bien que les outils peuvent aisément dans bien des circonstances nous remplacer.

De ce fait nombre d’employeurs potentiels, avisés de faire des économies d’argent, de temps, ou d’efforts à gérer des employés, se tournent vers des outils sans ouvriers.

Libérant les employés pour leur permettre de s’occuper à d’autres tâches … ?! Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. En fait ce n’est pas si évident.

Et du coup revenant à la source de nos idées, comment peut-on promettre un travail à chaque personne comme étant un droit absolu, pour vivre dans la dignité, si on diminue le nombre d’emplois possibles en remplaçant les gens par des machines … alors même que la population augmente ?

Dans ce questionnement se pose le problème de savoir quels emplois les gens peuvent trouver. Les métiers proposés par des employeurs changent donc forcément, puisque les emplois d’avant sont occupés en partie par des machines. Il faut donc préparer les gens à trouver d’autres activités.

Ce que semble t-il personne n’a trop bien anticipé.

Or, et pourtant, la majorité des gens ne sont ni oisifs, ni égoïste à ne vouloir vivre que pour eux-mêmes. Ils expriment bien souvent le désir de se rendre utiles, d’exister dans la société par leur action, leur contribution à quelque chose, le fait qu’ils puissent partager ce qu’ils savent ou connaissent.
Et dans un contexte où le travail traditionnel se raréfie, les activités humaines se tournent petit à petit vers d’autres perspectives permettant à chacun de dire “je travaille, je produis quelque chose, j’existe au milieu des autres, et je peux vivre dignement”.

Le travail traditionnel consistant à se rendre dans une entreprise qui a tout prévu pour me confier des tâches et me payer à la fin du mois devient rare. Il devient rare parce que les employeurs ne souhaitent pas qu’il soit maintenu comme étant la règle. Là où le travail est répétitif et planifié à l’avance, on met des machines, des logiciels, plus des gens.

Les modes émergents de travail sont les modes qui visent à répondre à des besoins plus souvent ponctuels, impliquant d’avoir éventuellement plusieurs employeurs pendant une période donnée, et de ne faire payer que des actions au fil des des besoins. Les employeurs deviennent des clients, et les employés des fournisseurs. Et les clients, sont exigeants.

Les “employés” deviennent alors entrepreneurs pour eux-mêmes, sont souvent amenés à chercher leurs clients, à assurer à la fois l’invention si besoin, la production de ce qu’ils vendent, la garantie, le contrôle de la qualité. Et l’entreprise “traditionnelle”, celle qui, bienveillante, pourvoit à toutes choses disparaît complètement.

Et si on repartait des bases essentielles ?

Et pourtant les choses n’ont pas tant changé que cela depuis la nuit des temps.

Pourquoi les sociétés s’organisent-elles en groupes, en communautés ?

Pourquoi faut-il que les humains se rassemblent dans des cités ?

La question, fondamentale, trouve deux écoles de réponses :

  • les uns disent que les humains se rassemblent pour se protéger avant toutes choses. Appelons-les sécuritaires.
  • les autres pensent que ce n’est pas par soucis de sécurité mais pour coopérer, et former de plus grands projets. Nous les appellerons les sociaux.
Les sécuritaires considèrent que la société s’organise pour protéger ses membres. Dans cette tendance idéologique, il en est qui considèrent que chacun fait ce qui lui plaît sous réserve que cela ne nuise pas aux autres. La société dans son ensemble doit seulement s’inquiéter de faire exister un ordre des choses qui règle les nuisances, qui peuvent avoir pour origine des acteurs ou des facteurs endogènes ou exogènes.

Ce qui est endogène correspond aux désordres et aux nuisances produites à l’intérieur de la cité. Un individu peut créer une nuisance, la loi de la cité peut le rappeler à l’ordre, le condamner, le punir, c’est fonction de la manière dont la société s’organise. La cité dispose généralement de lois, d’une police pour entretenir l’ordre, et d’une justice pour établir comment faire respecter cet ordre. Quand à la loi elle est exprimée selon les modes d’organisation par voie du peuple, de ses représentants ou d’un autocrate, d’une aristocratie, d’un monarque. Tout existe en ce bas monde.

Ce qui est exogène est considéré comme “étranger”. Les agressions ou nuisances exogènes relèvent de la “sécurité extérieure”, des “affaires étrangères”. La cité dispose d’une forme particulière de police pour faire régner l’ordre sur cette partie extérieure à elle-même : une armée, un instrument militaire. Accessoirement celui-ci est également et judicieusement complété par une diplomatie !

Ces aspects de l’organisation sociale ne sont pas nouveaux, ils existent au moins depuis les débuts de l’Histoire, c’est à dire la partie du temps de l’humanité qui dispose de traces écrites et comprises. Mais sans aucun doute les cités, civilisations, peuples connaissaient ces choses avant même que l’écriture permanente et répétée nous en apporte témoignage.

Les sociaux quand à eux partent du principe que la société est là pour bâtir. Faire de nouvelles choses qui permettent à la société de progresser. Cela peut être de construire un bâtiment, une route, d’assécher un marais, de bâtir un palais pour abriter un chef, ou des représentants … bref, quand on est plus nombreux on peut mieux certaines choses.

Pour faire de grands projets il faut s’organiser. Disposer des compétences diverses des uns et des autres pour mener à bien des entreprises inaccessibles à une personne seule.

Toutes considérations particulières mises à part, on peut supposer que les humains livrés longtemps à eux-mêmes quand ils étaient moins nombreux et à l’état sauvage, ont été confrontés à des difficultés assez simples à imaginer, et qu’ils se sont associés en groupes de plus en plus larges pour à la fois se protéger et bâtir ensemble. Mais ce qui construit est la coopération entre les gens, et ce qui détruit ce sont bien souvent les désordres et les atteintes à la sécurité.

Ce qui est certain c’est que seul on peut aller plus vite, ensemble on peut aller plus loin !

C’est la raison pour laquelle les gens se regroupent en cités, en peuples, en sociétés, partagent le savoir, mettent en place une communication partagée au travers d’une langue commune, dessinent des plans pour construire de quoi s’abriter, des endroits particulier pour l’agriculture, pour disposer de l’élément vital pour tous qui est l’eau. Avec le temps on y a ajouté des biens communs que sont les voies de communication pour se déplacer, l’énergie qui est, et ce n’est pas si vieux, accessible à peu près à tout le monde …

Si la cité n’avait pas connu ce progrès, du construire ensemble, nous ne pourrions pas lire à l’autre bout du monde ce que l’un d’entre nous écrit confortablement installé sur un ordinateur.

Et c’est beau. Parce que quelque part nous sommes parvenus à une forme d’humanité qui peut partager plus, se retrouver de manière associée plus largement à des projets communs.

Si ce n’était quelques soucis d’organisation qui font que l’on confie parfois nos destins à des gens qui ne savent pas nous rendre les services qu’on peut espérer, quand ils ne s’emparent pas d’un pouvoir sur les autres par force ou bien par ruse, on peut penser qu’une fois les questions de partage bien réglées les choses seraient assez bénéfiques pour chacun et pour tous.

Faut il- travailler pour vivre, ou bien vivre pour travailler ?
Donc dans nos sociétés, et en se remettant au présent, nous avons une existence, que nous n’avons pas souhaité obtenir avant de naître, mais comme chaque être humain est construit avec un instinct de survie, nous aimons pouvoir vivre, le plus libres possible, en assurant au mieux les choses essentielles que sont le gîte, le couvert, et quelques bricoles qui nous amusent pour qu’on ne s’use trop vite.

Ainsi va la vie. Et puisque nous avons construit un système qui dit que chacun a le droit à un travail pour exister et vivre dignement, tout est bien dans le meilleur des mondes possibles.

Sauf que … ce travail pour chacun, il n’est pas évident de le trouver dans le monde “post-industriel”, dans ce monde en perpétuelle évolution, dans lequel les projets communs se font plus rares d’ailleurs.

Il s’éloigne le temps des sociaux qui tenaient les clefs du pouvoir pour former de grands projets permettant de construire le bien commun. Et il nous revient le temps des sécuritaires, les plus individualistes d’entre eux tenant pour vérité le fait que c’est à chacun de se débrouiller.

Dans ce contexte changeant, l’Histoire nous montre que tout change toujours et continuellement, nous avons à peu près épuisé ce contrat social qui permettait à des gens compétents de prévoir et d’organiser pour les autres de quoi répondre aux besoins de tout le monde.

Il n’est plus possible pratiquement de se dire qu’on va aller à un endroit, attendre son tour et en repartir avec un travail. Il n’est plus possible de vivre avec cette sécurité, non pas d’avoir un travail pour toujours, mais à peu près un travail tous les jours.

Et comme l’organisation économique et sociale postule que chacun ayant droit à un travail rémunéré pour vivre dignement, personne n’est laissé de côté, les choses sont bien compliquées puisque ce n’est pas vrai.

Or une chose est certaine. Ce n’est pas le travail qui manque. Il y a bien sûr des gens qui veulent bien rester à ne rien faire, mais si on y regarde de près cela reste marginal. Ce serait même facile à recadrer si on voulait le faire bien.

Non ce n’est pas le travail qui manque. C’est le travail rémunéré. Et cela tient à plusieurs choses. D’une part le travail n’étant plus majoritairement fait pour des organisations qui prévoient à long terme et embauche des salariés, et d’autre part le travail le plus simple, accessible à tout un chacun étant de plus en plus réalisés par des outils qui ne requièrent plus l’intervention des humains, il devient compliqué de trouver un travail rémunéré.

Pour avoir sa chance, il faut proposer une qualité de production, matérielle, ou intellectuelle, plus élevée. Pour sortir du lot des personnes qui cherchent un travail rémunéré il faut être plus performant. Plus performant signifie aussi d’être souvent moins coûteux que d’autres pour le même travail.

Et puis il y a moins de travail rémunéré globalement, moins bien rémunéré, donc les gens disposent de moins d’argent qu’on leur donne pour ce qu’ils font, et ne donnent plus eux-mêmes tant de travail qu’avant. Qu’ils consomment ou emploient des personnes, ils réduisent eux-mêmes les ressources qu’ils utilisent.

Jusqu’à ce qu’on trouve de nouvelles possibilités de travail rémunéré !

Le travail rémunéré c'est la santé
Parce qu’au fond la question qui se pose est bien là. Le travail ne manque pas. Ce qui reste à manquer ce sont les rémunérations.

Aujourd’hui je pourrais décider par exemple d’aider des gens à remplir leur garde-manger. Ce n’est pas un travail compliqué, mais ce qui est compliqué est d’en faire un travail rémunéré. Pour que ça fonctionne et que mon travail soit “socialisé”, il faut que les gens pour lesquels je donne de mon énergie me paient de manière à percevoir une rémunération sous une forme qui respecte les règles de notre société : il y a des cotisations sociales, des impôts éventuels, de ces sortes de choses qui font que je ne dois pas en principe faire ce travail sans un cadre juridique et social précis.

Une réponse assez simple proposée par les gouvernement récents est le statut de micro-entreprise qui est possible grâce à une certaine dénaturation du caractère social du travail.

Normalement, puisque le travail est un droit fondamental, pour permettre à chacun de vivre dignement, la dignité impose que lorsque je travaille, ma rémunération permette que j’ai le gîte et le couvert, mais aussi de quoi tenir bon quand je suis par exemple malade, en congés, à la retraite, et que je puisse aussi subvenir à l’éducation des enfants si j’en ai à ma charge.

Pour obtenir cet équilibre complet, les gens qui ont mis en place les bases de l’économie sociale toujours en vigueur aujourd’hui, l’ont fait en pensant à mettre en place une sécurité sociale, un régime de retraite, et … une éducation nationale pour l’école accessible à tous, gratuitement, … enfin ils ont pensé les choses pour que le travail permette de financer toutes ces choses indispensables pour permettre de répondre à ce droit fondamental “vivre dignement” dans un monde de liberté.

Les modes nouveaux d’organisation du travail ont ouvert une première brèche importante en créant le statut d’auto-entrepreneur, puis de micro-entreprise, pour répondre à un soucis de résorption d’un chômage endémique, mais pour que ce statut soit acceptable ils ont concédé que le travail ne serait plus aussi prévoyant en matière de financement social.

Les “charges sociales”, c’est la partie de salaire que les personnes mettent de côté pour financer les moments de la vie qui impliquent qu’on puisse vivre sans salaire suffisant, ou sans salaire du tout. Ces charges sociales ont été depuis de longues années une marotte pour les tenants d’une société sécuritaire et libérale, moins sociale, et ont connu des dérogations multiples, et progressivement nous sommes arrivés avec le mandat présidentiel 2017 et son remarquable président illusionniste, à voir la société globalement accepter que les régimes sociaux existants plutôt que de tenter d’être enfin unifiés au niveau le plus appréciable pour la population, soient rabotés, alésés, allégés.

Pour en apparence réduire le chômage, et permettre de retrouver ce droit fondamental qui est que chaque personne puisse disposer d’un travail pour vivre dignement, il est désormais acté que le travail n’a plus valeur de protection sociale autant qu’avant. Cette prise d’acte s’accompagne de manière assez floue d’une promesse de pourvoir ultérieurement à la mise en place de moyens et budgets sociaux permettant d’assurer la santé et la retraite. Mais promesse n’est pas prévoyance.

Le travail rémunéré protège donc moins bien, c’est un fait depuis un certain temps, et c’est désormais d’autant plus remarquable que beaucoup de gens travaillent sans aucun droit particulier à vivre dignement lorsqu’ils sont sans travail.

Et comme il y a peu de dispositions qui compensent cette raréfaction du “travail classique” par de nouvelles perspectives de pouvoir travailler et vivre dignement avec l’encadrement légitime d’une protection sociale cohérente, nous sommes devant une situation qui était prévisible, il faudra bien se ranger à l’idée que désormais le travail, vu comme activité humaine en général, n’est plus le facteur clef de ce qui permet de vivre en toute dignité.

Cette perspective n’est pas une découverte tout à fait nouvelle et a fait naître l’idée qu’il devient nécessaire d’organiser les choses pour chaque être humain puisse vivre dignement indépendamment du fait qu’il dispose d’un travail rémunéré ou pas.

Aux personnes qui parviennent à s’intégrer dans une activité rémunérée, tant mieux, si elles bénéficient de revenus suffisants elles s’en sortent bien. Et aux autres qui n’ont pas de revenus suffisant, ou aucun revenu, il faut bien que la société réponde solidement, et solidairement, avec cette responsabilité constante de permettre à chacun de vivre dans la dignité.

Nous en sommes loin. Très loin, et pourtant la solution est simple, elle est connue. Bien qu’il existe plusieurs variantes à cette réponse, il s’agit du revenu universel, appelé également revenu de base, qui correspond à une redistribution systématique d’une partie de la richesse globale, à toute personne ne disposant pas du revenu nécessaire à vivre dignement.

Que ce soient des théoriciens ou des personnes plutôt ancrées sur le terrain politique, nombre de gens ont tenté d'argumenter et de normaliser la définition de ce qu'on appelle "la valeur-travail". Il n'existe pas de définition qui puisse faire consensus et mettre tout le monde d'accord. Parce que le travail et la rémunération ne sont pas connectées ensembles de manière simple et stable. Si le travail rémunéré se mesure au prix qu'on lui accorde, qu'en est-il du travail qui ne l'est pas, des gens qui ne travaillent pas, et pourquoi le marché du travail fixerrait la valeur en fonction de l'offre et de la demande ?

Personne ne se met tout à fait d'accord en abordant le revenu des gens par le travail. D'autant que le travail change, les modes de travail, les valeurs reconnues pour chaque cas, en fonction du moment, du lieu.

Et la valeur des gens, qui y a pensé ?
Que ce soit un revenu de base, universel, un salaire à vie, sous ses différentes formes, le revenu de base est reconnu comme solution à une problématique simple : il n’est pas écrit que le travail rémunéré puisse bénéficier à tout le monde, et ce d’autant plus que le travail des humains change de forme, de contenu, et ne peut pas nécessairement trouver un employeur-client-payeur face à chaque employé-fournisseur.

Cet exposé ne vise pas à développer plus avant les possibles sur la question du revenu universel, ce sujet sera traité dans un autre document.

Mais il est ici question de définir pourquoi nous travaillons, pour qui, comment nous organisons les choses pour ne pas travailler pour rien.

Nous travaillons quoiqu’il arrive. Nous mangeons, et nous avons besoin pour ce faire d’aller chez un marchand acheter des produits. C’est un travail. Ce travail étant pour soi-même il n’est pas rémunéré, naturellement. Nous nous abritons et payons un loyer, ou nous avons acheté un logement. Dans un cas comme dans l’autre ce que nous faisons produit une part de travail, mais ce qui est important c’est que cela produit aussi un besoin d’une certaine richesse.

Acheter de quoi manger, ce n’est pas une fortune, mais encore faut-il pouvoir s’adresser à l’épicier avec un moyen de paiement pour repartir avec les provisions. Cet argent vient d’où ? En règle générale soit du travail que je fais, soit d’un revenu dont je dispose d’une manière ou d’une autre, ou encore de la générosité d’autrui pour m’aider dans la vie ?

Il est nécessaire, pour que chacun puisse vivre dignement, que chacun dispose d’un revenu, ce qui était possible par un travail avec un salaire dans une entreprise pour beaucoup de gens à l’ère des usines et des bureaux qui employaient beaucoup de gens, et ce n’est plus le cas désormais.

Force est de constater que cette idée n’est pas dogmatisée par les sécuritaires plus que par les sociaux, c’est une idée partagée largement et particulièrement par les gens les plus riches de notre Monde. Car eux savent bien que la richesse qu’ils ont acquise provient du travail des autres.

lundi 5 mars 2018

Sous l'estrade... les pavés ?

Un premier opus de notre hommage aux grands illusionnistes de la politique :

Aujourd'hui : L'homme qui veut nous faire marcher !

Nous sommes François Weil et Yves Hernandez, compères de plume et gueusaille râleuse, après tout ce qui peut ressembler à de l'exploitation du peuple et à de la tromperie.

Nous sommes arrivés, l'un comme l'autre au triste constat que le gouvernement du Pays était devenu à la fois, enjeu d'image et d'ambitions personnelles et prétexte à spectacle d'illusion, spectacle par lequel les stratagèmes les plus trompeurs sont hélas les plus appréciés du nombre grandissant de ceux qui dévorent la télévision du pouvoir et les téléréalités faites pour endormir les masses.

Alors, comme nous sommes un peu retors et surtout Vent Debout, nous avons décidé de vous proposer une visite commentée - et même orientée - de l'estrade sur laquelle se produit le magicien du Touquet, avec ses tours les plus remarquables ! Et ça sans détours ! Alors, à vos lorgnons ! Deux éditorialistes de l'impossible, deux articles à lire pour s'instruire et rire parfois !



Déjà des critiques positives : 

"C'est un peu long à lire, mais c'est goûtu et ça croque sous la dent comme de la laitue de printemps !" Léopold Glandu, Maris Patch, L'émoi des peaux, le phoque des Chotos !

Le programme, demandez le programme ! Que le spectacle continue



Macron : la mise en scène


(Source : Le programme d’Emmanuel Macron)

500 experts, 30.000 français qui ont travaillé dans 3.000 ateliers, 100.000 concitoyens qui ont donné leur point de vue et 6 chantiers :

- éducation et culture
- société du travail
- modernisation de l'économie
- renforcer la sécurité de la Nation
- renouveau démocratique
- engagement au niveau international

Emmanuel en coulisses


Où en est-on des promesses de campagne de Macron (sources diverses dont et souvent luipresident.blog.lemonde.fr)


Economie et travail

Le Macron candidat annonçait son ambition de réformer le code du travail : cette révision s’est faite par ordonnances. Signées le 22 septembre dernier, leur contenu a fait écho à plusieurs promesses de campagne. L’encadrement des indemnités prud’homales d'Emmanuel Macron pour licenciement sans cause réelle et sérieuse est l’une des mesures-clés de la réforme. L’indemnité est désormais limitée par une somme plancher et plafond. Les ordonnances ont aussi renforcé les accords d’entreprise. Ils prévalent dorénavant sur les accords de branche sauf dans les domaines où ces derniers ont le monopole (égalité hommes-femmes, garanties collectives complémentaires ...). Enfin, comme promis, la création du Comité social et économique doit devenir l’unique instance de représentation du personnel.

En novembre on notait : Le projet de loi de finances (PLF) 2018 devrait permettre d’honorer plusieurs engagements. La suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, transformé en un impôt sur la fortune immobilière a suscité de vifs débats, mais a finalement été votée par les députés. L’exonération totale de la taxe d’habitation, pour 80% des ménages à l’horizon 2020 a aussi été actée et s’étalera sur trois ans. Enfin un prélèvement unique sur le capital, la flat tax, à hauteur de 30%, a été inscrit dans le PLF 2018.

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) prévoit de son côté un allègement des cotisations salariales. Pour le financer, le projet programme une augmentation de la Contribution sociale généralisée (CSG) de 1,7% à partir du 1er juin 2018. Une hausse qui pèsera surtout sur les retraités gagnant plus de 1 400 euros par mois. Le PLFSS prévoit aussi une baisse des cotisations patronales qui doit remplacer à partir du 1er janvier 2019 le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE).

Malgré cette rapidité à réformer, de nombreuses promesses de campagne sont encore en chantier et en réflexion, comme la baisse de l’impôt sur les sociétés, un système universel de calcul de la pension des retraites ou la suppression de 120.000 postes d’agents publics sur l’ensemble du quinquennat. Pour l’instant, le budget 2018 ne prévoit que 1.600 suppressions de postes.

Retraités et indépendants attentifs au PLFSS
Côté santé, le travail du gouvernement s’est concentré sur le PLFSS. Adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, le texte devait être voté avant la fin de l’année. Il comporte plusieurs promesses de campagne. On y trouve des mesures de prévention et de développement de la télémédecine, mais également la revalorisation progressive du minimum vieillesse, et la disparition du Régime social des indépendants. En revanche, Emmanuel Macron promettait d’abolir l’obligation du tiers payant, mis en place lors du précédent quinquennat. Supposée entrer en application le 1er décembre, la mesure a été reportée par Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé.

PLF et PLFSS ont été validés en décembre 2018.

« Make our planet great again » : le chapitre clef de l'écologie
Les six premiers mois d’Emmanuel Macron à l’Elysée sont marqués par des dynamiques contradictoires sur le plan écologique, entre discours volontaristes et renoncements. Pour ce qui est de réduire à 50 % la part du nucléaire d’ici 2025, l’objectif ne pourra pas être tenu. Cette promesse, inspirée par la loi relative à la Transition énergétique votée sous François Hollande, s’annonce « difficilement atteignable » de l’aveu même de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire. Il évoque une nouvelle échéance à l’horizon 2030 ou 2035.

Le projet de loi sur les hydrocarbures devrait interdire dès l’année prochaine l’attribution de nouveaux permis d’exploration des hydrocarbures et la fin totale de leur exploitation en 2040. Le projet contient toutefois certaines exceptions : les industriels pourront continuer leur exploitation jusqu’à rentrer dans leurs frais, et une dérogation sera accordée au bassin de Lacq, l’une des plus importantes exploitations de soufre en France. On peut considérer que l'interdiction de nouveaux permis est donc contredite pour les années qui viennent.

Concernant les perturbateurs endocriniens, la position du gouvernement reste floue. En juillet, Nicolas Hulot a approuvé la définition proposée par la Commission européenne malgré les critiques de nombreux scientifiques qui la jugent trop permissive. Si le Parlement européen a finalement rejeté la réglementation, la position officielle du gouvernement s’éloigne de la promesse de placer la France « en tête du combat » contre les perturbateurs endocriniens. En revanche, le ministre de la Transition écologique s’est montré plus ferme au sujet du glyphosate. La France a refusé de voter un renouvellement pour 10 ans de la licence de l’herbicide controversé. Un accord devra être trouvé avant le 15 décembre.

On sait depuis ce qu'il en est, Nicolas Hulot est devenu maître mangeur de chapeaux.

Éducation : retour sur l’héritage de François Hollande
En matière d’éducation, les bouleversements sont nombreux. Jean-Michel Blanquer est revenu sur des réformes entamées sous la présidence de François Hollande. Le nouveau ministre de l’Education nationale a notamment rétabli les classes bilangues supprimées dans le cadre de la réforme des collèges de 2015. L’enseignement optionnel du grec et du latin fait aussi son retour, sous le même format qu’il était avant cette même réforme.

En ce qui concerne les rythmes scolaires au primaire, les communes ont désormais le choix entre maintenir les 4,5 jours instaurés par le précédent gouvernement ou revenir aux 4 jours de classe par semaine qui étaient d’usage avant le quinquennat de François Hollande. Le dédoublement des classes de CP et CE1 en zones d’éducation prioritaire a été lancé à la rentrée, mais il ne concerne pour l’instant que les classes de CP en REP+ (réseaux d’éducation prioritaire renforcés). La réforme du Bac, avec l’instauration de plus de contrôle continu n’en est, elle, qu’à l’état d’ébauche.

Lutte contre le harcèlement, ouverture de la PMA : de nombreux enjeux sociétaux
Emmanuel Macron avait promis de nouvelles lois pour lutter contre le harcèlement envers les femmes. Dans le sillage de l’affaire Weinstein, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes (et non ministre, comme cela avait été promis), a annoncé le mois dernier l’élaboration d’un projet de loi sur le sujet pour le premier trimestre 2018.

Autre réforme sociétale attendue, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Sur ce sujet, le président reste très évasif, comme lors de son intervention télévisée sur TF1. De son côté, Marlène Schiappa a promis d’ouvrir le débat en 2018.

Le budget de la défense, un « axe prioritaire » pour le gouvernement
L’épineuse question du budget de la défense reste floue. Emmanuel Macron s’était engagé à y consacrer 2 % du PIB en 2025. Difficile cependant de prévoir si le président de la République tiendra parole : après une coupe brutale de 850 millions d’euros pour l’année en cours, le projet de loi de finances pour 2018 prévoit de faire passer le budget de la défense de 32,7 à 34,2 milliards d’euros. Soit 1,82 % du PIB, en dessous des 2 % d’efforts promis.

La création d’un État-major permanent spécialisé dans la lutte contre le terrorisme était inscrite dans le programme du candidat Macron. Elle s’est matérialisée par un centre national de contre-terrorisme. Mais, contrairement à ce qui avait été promis, il n’existe en son sein aucune cellule dédiée exclusivement à la lutte contre Daech. Enfin, la police de sécurité du quotidien, axe fort de la politique de sécurité intérieure du candidat Macron, sera expérimentée dès janvier prochain dans une quinzaine de villes.

Moraliser et encadrer la vie publique
Alors que la campagne présidentielle a été marquée par les scandales, Emmanuel Macron a fait de la moralisation de la vie publique l’un de ses chantiers prioritaires. C’est la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, qui présente le projet de loi au Parlement. Si certains engagements de campagne y figurent, d’autres ont été édulcorés.

Le régime spécial de retraite très avantageux des parlementaires est supprimé, et les embauches familiales interdites. Les indemnités parlementaires ne sont finalement pas fiscalisées. Le système en vigueur est remplacé par des mécanismes de contrôle et de transparence.

En revanche, le projet d’imposer un casier judiciaire vierge pour se présenter à une élection s’est heurté au principe constitutionnel d’individualisation de la peine. La promesse d’interdiction d’exercer des activités de conseil a quant à elle été allégée : un élu pourra poursuivre ses activités de conseil et de lobbying parallèlement à son mandat, à la seule condition qu’elles aient débutées plus d’un an avant son élection.

Un premier bilan mitigé dans le domaine de la culture
Emmanuel Macron n’a cessé d’affirmer pendant la campagne, que la culture était une priorité. « Réponse aux barrières invisibles que crée la société » , le futur président l’affirmait : la culture serait protégée. Il a envoyé un premier signal positif avec le maintien du budget de la culture à 10 milliards d’euros.

Pourtant la prudence reste de mise. Le projet de loi de finances 2018 prévoit des économies drastiques pour l’audiovisuel public. La réforme promise par Emmanuel Macron vise une refonte en profondeur du secteur pour concentrer les moyens sur des chaînes moins nombreuses. Les exigences du gouvernement sont mal perçues par les patrons de l’audiovisuel public. Difficile donc, d’imaginer la forme concrète que prendra le projet de réforme alors que les discussions ne font que commencer.

On peut supposer qu'à terme des fonds seront de fait utilisés sur des partenariats public / privé.

Les grands chantiers du président pour une refondation de l’Europe
Durant toute sa campagne, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de « refonder l’Europe » par la création d’un budget de la zone euro et par une meilleure coopération fiscale et sociale entre les États membres. Pour ce faire, il devra réussir à convaincre ses partenaires européens, dont le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et la chancelière allemande Angela Merkel. Donc ce chapitre n'est pas engagé.

En attendant, fin août 2017, il a rencontré les chefs d’Etat autrichien, roumain et bulgare à l’occasion d’une tournée en Europe centrale. L’enjeu était clair : discuter de la directive des travailleurs détachés et pousser à un durcissement de cette réglementation. Avec 177.674 travailleurs détachés arrivés en 2015, la France est le deuxième pays d’accueil en Europe. Fin octobre, un accord a été trouvé pour limiter à 12 mois le détachement et pour lutter contre le dumping social et la concurrence déloyale. L’application ne prendra cependant effet qu’à l’horizon 2022 et les transports routiers feront l’objet d’un autre accord.

De fait lorsque les textes ont été validés sur la directive, d'aucun ont vu, dans l'exclusion du transport routier et le report à plus tard de la mise en application pour le reste, un échec de la voix française sur le sujet.

L’outre-mer : l’avancée sur le dossier calédonien
Entre la crise sociale guyanaise, Saint-Martin et Saint-Barthélémy dévastés par l’ouragan Irma et la crise migratoire à Mayotte, les collectivités ultra-marines sont en surchauffe. Le président défend une vision ambitieuse pour l’outre-mer, mais avance prudemment.

Pour l’instant, un seul dossier a connu une avancée notable : le référendum d’autodétermination qui doit avoir lieu en Nouvelle-Calédonie en 2018. Lors d’une récente réunion avec le Premier ministre Edouard Philippe, les représentants des principales forces politiques calédoniennes ont signé un accord sur la constitution de la liste électorale référendaire, l’une des questions-clés du dossier.

Les autres promesses de campagne sont encore imprécises. La ministre des outre-mer Annick Girardin a récemment lancé les Assises de l’outre-mer, une large consultation qui vise à définir des priorités par territoire et à lancer des initiatives concrètes. Le ministère doit publier ses résultats en mai.

L’agriculture : le lancement des états généraux de l’alimentation
Les états généraux de l’alimentation ont été lancés fin juillet avec un objectif clair : trouver des solutions pour mieux rémunérer les agriculteurs, qui protestent contre les prix trop faibles qui leur sont imposés. A mi-parcours de ces états généraux, mercredi 11 octobre, Emmanuel Macron a confirmé la création prochaine d’une loi visant à soutenir les agriculteurs dans les négociations avec les industriels. Le gouvernement compte augmenter la rémunération des producteurs en alignant les prix directement sur les coûts de production. Sur le sujet, le président compte légiférer par ordonnances au premier semestre 2018.

Au titre des mesures proposées on note le voeu gouvernemental de réduire les guerres de prix à la distribution, ce qui sera opéré par le contrôle des ventes à perte, et la limitation des promotions.

La structure des prix serait réglementée et devrait repartir des coûts de production à l'avenir. Ce qui satisfait les producteurs, avec toutefois des réserves sur les normes utilisées poru déterminer les coûts.

Si la FNSEA sort plutôt satisfaite de ces états généraux, il reste que les petits producteurs, et particulièrement le monde du bio, restent dans le doute car les mécanismes de soutien à l'agriculture sont en passe de leur échapper, que ce soit au travers de la PAC et ses accessoires, ou de la fiscalité locale, les régions ayant pour certaines déjà pris les devants en modifiant les subventionnements qui leur sont accessibles.

Les états généraux associaient aux discussions les associations de divers intérêts, le WWF par exemple a émis des regrets, ainsi que de nombreuses associations, de voir le chapitre de la souffrance animale reporté à plus tard, les pesticides, l'agriculture bio étant également mis de côté avec des promesses de nouvelles discussions à venir.

Nicolas Hulot qui était promoteur de ces états-généraux n'a pas trouvé le temps, ou la volonté d'en prononcer la cloture.

Alors le bilan du bihan ?

Au bilan d'étape les promesses de campagne sont donc assez globalement tenues là où les décisions, lois, ordonnances conduisent à un démantèlement du bien commun. C'est le cas pour le droit du travail, pour la sécurité sociale, pour la réorientation des priorités de l'E.S.S. avec les modifications en cours des effets budgétaires de la fonction publique nationale et territoriale.

Sur ce dernier point les choses sont d'ailleurs moins évidentes à première vue car il n'est pas exactement mentionné dans le programme ce qui se passe désormais dans la réalité. Les territoires continuent de perdre des équipements, des moyens, et on voit passer les services rendus à la population d'un mode volontairement public à un mode en voie de privatisation.

Le cas de la SNCF est un exemple évident de volonté de dénaturer l'efficacité et l'utilité d'un réseau de transport concurrentiel et accessible à tous. Suppressions de lignes, remplacées par des services de cars dont certains usagers ont découvert que désormais ils ne fonctionnaient que lorsqu'ils faisaient le plein de clients.

La mise en avant d'une information tronquée sur le coût du statut social des cheminots est un travail de communication. Car de fait les cheminots ne sont pas la cause des déficits de la SNCF. La modification des rôles des intervenants sur les chemins de fer en est la cause, car elle a permi un désengagement de l'Etat de ses obligations d'investissement et d'entretien pour un réseau performant. Ce qui était un service rendu est désormais montré comme un coût. Tout est bon pour justifier que ce coût est contraire à la performance économique globale.

On sait pourtant que cette performance économique qui met Montpellier à un peu plus de 3h de Paris est un effort qui favorise la croissance. Et cet effort est nécessaire et essentiel pour relier La Souterraine à Périgueux, ou Cholet à Tours.

Si on regarde sous un angle plus large l'approche macro-sociale et macro-économique des politiques menées depuis un certain nombre d'années, ce qui paraît soudainement évident c'est la perte de sens du bien commun.

On a vendu les autoroutes à des entreprises privées, pour y faire circuler des gens sous contrainte en leur rendant les autres possibilités moins faciles. Réseau routier secondaire de plus en plus contraint pour y faire de longs parcours, réseau ferré de liaison avec des lignes supprimées ... on ne favorise pas les déplacements on les rend plus onéreux.

Bien entendu Macron n'est à l'initiative dans les politiques récentes que depuis 2012 en qualité de conseiller, et seulement depuis quelques mois en tant que Président. Mais il n'a rien proposé pour améliorer les choses, et pour ce qui est de la SNCF, l'ambiance générale que présente la majorité présidentielle permet de dire que le sort de cette entreprise est scellé.

On nous dit qu'il n'y aura pas de disparition de l'entreprise. Mais qu'on va modifier les règles socio-professionnelles. On nous dit qu'il restera une SNCF, mais que si les régions veulent avoir des liaisons secondaires en ferroviaire, elles peuvent créer des structures pour le faire.

Donc ce qui a été dépensé antérieurement pour que le réseau de chemin de fer existe devra être à nouveau payé par la population, puisqu'on aura démantelé une partie du bien commun.

Non inscrit dans les promesses de campagne également les équipements de santé sont actuellement en train de connaître des fermetures en mode accéléré. On ne finance plus, on planifie les fermetures des hôpitaux de proximité.

Jusqu'à l'élection de Macron il restait des hypothèses de voir des situations s'arranger. Mais là, tout bascule, au pas de charge, et sans avoir besoin de passer par l'Assemblée.

On a transormé les hôpitaux en centres de profits, imposé des conditions de travail hostiles à des personnels dont on diminue le nombre, et auxquels on propose des missions industrialisées. La pression sur les hôpitaux n'a d'autre but que de permettre aux territoires qui le souhaitent de créer un secteur privé si ça les intéresse. Aux frais des usagers qui, il est vrai payeront moins de "charges sociales", mais dépenseront sans aucun doute possible plus d'argent pour se faire soigner.

Outre les hôpitaux, les centres médicaux de toutes sortes supportent la même logique. Jusqu'aux médecins de ville qui manquent partout, et que de plus en plus de territoires invitent à grands frais à venir s'installer. Ca coûte à qui ? Aux usagers.

Le décodomètre

Nous voici donc devant un grand numéro de mentaliste.

Ca commence par : les vieilles recettes on montré leurs limites et leur incapacité à résoudre vos problèmes.

Voyez ce que je vais vous proposer, ce que je vais faire pour vous. Vous gagnerez en pouvoir d'achat.

Maintenant, spectateurs vous êtes rassurés ?

Le petit peu qu'on vous aura évité de mettre de côté pour la sécurité sociale, ou les transports avec vos impôts, on va vous le prendre deux fois maintenant. Pour reconstruire ce qu'on vous aura démoli, et pour vous permettre de vous en servir.

Par contre les services qui seront mis en place dans cette ère nouvelle, seront privés, et ne manqueront pas de générer des bénéfices pour leurs propriétaires.

Le tour est beau, le magicien habile, il vous fait un beau numéro, vous repartez les poches vides.

Que le spectacle continue

Macron Emmanuel candidat a engagé un contrat avec la Nation, pas une promesse de campagne, dans lequel il est écrit ce que Emmanuel Macron fera en qualité de Président de tous les français. Les 6 grands chantiers y sont entérinés, avec cette mention enthousiasmante, ou énigmatique, c'est selon :

« La France est une chance, et chacun doit pouvoir y tenir ses promesses. »

Chacun ! Ca n'oublie personne ? Parce que si c'est le cas, ça va être la fête ...

Attention mesdames et messieurs, dans un instant ça va commencer !

Attention, mesdames et messieurs, dans un instant on va commencer
Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment
5, 4, 3, 2, 1, 0, partez, tous les projecteurs vont s'allumer
Et tous les acteurs vont s'animer en même temps
Attention, mesdames et messieurs, c'est important, on va commencer
C'est toujours la même histoire depuis la nuit des temps
L'histoire de la vie et de la mort, mais nous allons changer le décor
Espérons qu'on la jouera encore dans 2000 ans
(merci Michel Fugain)

Tour de passe-passe n°1

Allez un petit tour de chauffe ? Dans "Le programme d'Emmanuel Macron pour le dialogue social"

Aujourd’hui, les différents secteurs d’activité ne vivent pas la même réalité économique : l’agriculture et l’industrie, le luxe et la coiffure ont peu en commun pour ce qui est de la situation de l’emploi et de l’exercice des métiers. Une PME a peu en commun avec le grand groupe.

Comment peut-on prendre en compte ces réalités différentes tout en donnant le même cadre général à tous ? Nous proposons que, dans le cadre de principes définis par la loi, les règles qui régissent le quotidien des salariés soient fixées au plus près de là où ils travaillent, dans l’entreprise.

Demain, les rôles respectifs de la loi, de l'accord de branche et de l'accord d'entreprise seront redéfinis. Les acteurs de la négociation collective, en particulier les syndicats de salariés, verront leur place renforcée. Les négociations à l’échelle de l’entreprise, ou à défaut les accords conclus au niveau de la branche, seront privilégiés.

Décodage : Comment peut-on prendre en compte ces réalités différentes tout en donnant le même cadre général à tous ? Et ben c'est simple, ce sera différent pour chacun ! Et comme ce sera écrit dans la loi, la loi sera la même pour tout le monde.

Ah ... je sens qu'il y a des gens qui l'ont pas percutée celle-là. Alors je la refais. Avant il y avait des lois qui étaient les mêmes pour la plupart des gens. Mais les réalités économiques c'est dur tu sais cher public. Alors comme c'est dur il faut adapter les choses. Sauf que les adapter ça veut dire qu'il faut faire des lois différentes pour chaque cas.

Ca c'est chiant, parce que c'est plus sérieux quand même quand la loi est la même pour tout le monde.

Et ben en macronien, ça devient : la loi a qu'à dire que chaque entreprise se débrouille dans son coin. Et toc. Ni vu ni connu j't'embrouille ... la loi sera la même pour toutes les entreprises.

Chaque entreprise fait ce qu'elle veut. Génial. C'est ça la même loi pour tous.

Oui mais les gens qui bossent, qui ont la chance de bosser, eux non. C'est l'entreprise qui a un texte de loi, pas l'être humain.

Tu l'as sentie rentrer là ?

Ce tour de magie est redoutable. Simple, efficace. Toi tu es là, avec ton billet de spectacle, assis au milieu du public. Le mec sur la scène il montre un vrai jeu de carte dans lequel il y a bien toutes les cartes. Il a fait monter sur scène un témoin même. Le témoin voit que le jeu est normal.

Là-dessus il fait choisir une carte au hasard. Personne l'a vu faire, mais le jeu dans lequel le témoin tire une carte, c'est pas le jeu qu'il a vu juste avant. Dans celui là, il n'y a que des valets de pique.

A ton avis, la carte tirée ce sera quoi ?

Tour de passe-passe n°2

Tiens allez un autre tour marrant celui-là. Si tu vas voir : l'économie sociale et solidaire : l'E.S.S.

Si c'est dans le programme de la soirée ! Alors le mec il t'explique que c'est beau l'E.S.S., c'est généreux et tout.

Introduction du numéro, le mentaliste explique :

"Faire entrer la France dans le XXIᵉ siècle : telle est l’ambition de notre projet politique. Ce siècle nous lance de nombreux défis : le défi social, qui change de visage avec l’apparition de nouvelles formes de précarités ; le défi démographique, qui réclame d’anticiper le vieillissement de la population; le défi technologique et le défi environnemental, qui obligent à repenser nos modes de vie ; le défi démocratique, et l’urgence de garder unie une société qui doute et se fragmente."

Puis vient la deuxième partie :

"Dans la diversité de leurs formes (associations, fondations, sociétés commerciales, mutuelles, coopératives), les entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) se mobilisent chaque jour pour faire face à ces défis : elles combattent l’illettrisme et le décrochage scolaire, soutiennent l'autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, luttent contre l’exclusion et le chômage, développent l’économie circulaire, promeuvent l’économie du partage grâce au numérique. Tournées vers la prévention des risques sociaux, elles innovent, expérimentent et portent des solutions concrètes sur les territoires, aux côtés des acteurs économiques « classiques » et des pouvoirs publics."

Alors tu as droit à un petit coup de diagnostic : c'est là le truc du numéro en fait :

"Le secteur de l’ESS a un poids économique important, en progression constante. Il représente 10% du PIB et près de 13% des emplois privés en France, dans 165 000 entreprises. Celles-ci attirent de plus en plus de salariés : ces dix dernières années, l’emploi dans l’économie sociale et solidaire a progressé de 24%, contre seulement 7% dans le reste du secteur marchand.

Avec ses 12 millions de bénévoles, l’ESS incarne une société de l’engagement, reposant sur l’initiative, la compétence et la solidarité citoyennes. Elle ancre dans le réel les valeurs républicaines.

Le développement de l’ESS correspond à une aspiration de plus en plus grande : celle d’entreprendre en trouvant du sens et de l’utilité sociale dans son activité. 77% des salariés et 91% des dirigeants qui travaillent dans l’ESS considèrent comme positive leur relation à leur travail. L’essor du « crowdfunding » illustre cette évolution sociétale : nombre de nos concitoyens ont envie de contribuer au financement de projets d’intérêt général, même s’ils sont portés par des initiatives privées"

Et la conclusion :

"L’ESS incarne enfin un entrepreneuriat où l’humain prime sur le profit, où l’efficacité économique sert l’intérêt général."

Rigoureusement vrai, rien à redire. Sauf un truc, le financement. 2018 sera déjà bien située pour la démonstration. Le financement de l'ESS repose principalement sur des actions en partenariat avec les territoires, régions, départements, municipalités qui ferment les robinets des subventions, qui ficellent les conventions, et les acteurs de l'E.S.S. réduisent leurs activités. La crise des personnels hospitaliers et des EPHAD ces derniers temps n'est pas étrangère à ce qui se prépare sur le terrain de l'E.S.S., on ferme, on rabote, on coupe. Les associations de terrain qui s'occupent du quotidien de gens qui ont besoin qu'on leur offre des services réduisent leurs effectifs. Celles qui résistent le mieux se lancent dans la productivité. On voit déjà le film, des salariés et des bénévoles mis sous le carcan d'un management purement économique. Il va y avoir des suicides chez les écoutants.

C'est beau non ? Le pigeon, ou la colombe s'envole à la fin.

T'as pas vu en cours de route, le mec vient de faire les poches à un paquet de gens dans la salle. Putain quel talent !

Au passage le cadre légal de l'E.S.S. c'est un texte qui s'appelle loi Hamon. Qui a donné les moyens réglementaires. Et qui a été, de l'avis de beaucoup de gens, fortement boudé par le gouvernement Valls et bpifrance.

On cherchera pas maintenant à comprendre comment fonctionne les amitiés ou les inimitiés en politique. On garde ça pour une autre fois.

Derrière la tromperie, peut on trouver le prestige ? (par Yves Hernandez)


On commence maintenant à connaître un peu mieux le Président Macron et le mouvement En Marche et la présomption est désormais remplacée par l’évidence quant au contenu de cette nouvelle famille politique, construite sur de la technique marketing, pour dissimuler au mieux une stratégie de lobbyiste néo-libéral.

Lorsque les débats de la présidentielle s’égrainaient les uns derrière les autres, petit à petit, grandissait en moi un sentiment confus : « ce mec est-il en train d’essayer de nous vendre un soufflé avec rien dedans ? » J’ai même cru que MLP avait raison pour une fois, quand elle lui rétorquait « mais la phrase que vous venez de dire là… elle ne contient rien… c’est ça votre programme ? » Bien sûr, l’héritière du cyclope se plantait pour la énième fois, comme elle a pu s’en rendre compte, en se vautrant au duel télévisé qui a fini d’en faire une andouille aux yeux deb tous, notamment de ses propres complices !

Non, Emmanuel Macron et ses amis ont bien un contenu… un contenu vendu sous emballage trompeur ! Voire même de la tromperie à l’état pur, vendue sous de l’emballage mensonger !

Il s’agit là de prestidigitation et d’illusion. Et là, l’intéressé a appris avec les meilleurs : les banquiers. Des gens qui sont capables de gagner de l’argent avec vos avoirs et votre travail et qui parviennent parfois à vous faire croire qu’ils vont vous rendre riche !

Alors pour exprimer tout cela, j’ai décidé de créer une analogie avec les tours de magie.

Le tour traditionnel se présente en trois parties :
  • La promesse,
  • le revirement
  • et le prestige.
Ce « prestige » qui donne son nom au film remarquable de Christopher Nolan.

Et vous allez pouvoir le constater, la politique d’Emmanuel Macron, ça fonctionne comme un tour de magie ou d’illusionnisme.


La promesse : C’est la présentation du tour et des éléments qui le constituent. 

A cette étape, E Macron nous dit qu’il va démolir les anciens partis et qu’il va faire de la politique différemment, car il est un homme nouveau.

C’est là que l’illusionniste est le plus fort !

Bien sûr, il habille les transformations les plus contraignantes avec le sourire et des engagements sympathiques :

  • Donner un toit aux SDF, car il ne faut pas qu’il y ait des gens dans la rue un hiver de plus ! Et il nous dit ça en juillet ! Hors contexte.
  • Redonner espoir aux retraités et un niveau de vie décent (ce qui ne mange pas de pain et n'engage strictement à rien de concret) Dit poliment ça fait voter ! Si si... ça fait voter, en France en 2017 !
  • Les "faibles revenus" vont voir leur niveau de vie s’élever à nouveau (même remarque que plus haut);
  • Des annonces qui marquent aussi : relèvement des salaires, suppression de la taxe d’habitation, certains salivent déjà !
  • Refaire de la France un champion à l’international, (moi qui suis bête, je comprends relancer notamment l'industrie...)
  • Redonner confiance aux riches pour qu’ils investissent, même si c’est au prix de concessions sur l’ISF (alors s'ils relancent l'économie, c'est des gentils riches ?) ;
  • Rendre la politique plus vertueuse et rompre avec les « affaires »...oups !
  • Moderniser le secteur public pour le rendre plus performant...làa, ça m'a fait tout de suite un peu peur, car en langage de financier, moderniser, ça veut dire envoyer les contrôleurs de gestion, en éclaireurs de la "commission de la serpe" !
  • Redonner leur place essentielle aux jeunes…Oups la phrase vide de sens...
  • Continuer à incarner la patrie des Lumières et des Droits Humains. On va redécouvrir l'Amérique dans ce domaine ? Il nous faut un Collomb pour conduire cette aventure ! Oulala qu'est-ce que j'ai dit !
  • Moderniser le monde du travail...même crainte que pour moderniser le secteur public.

La liste serait encore longue des engagements oraux voire écrits du candidat Macron...

Il a mis de bonnes cartes dans son jeu :

  • Il veut incarner la nouveauté…il a juste 40 ans ;
  • Il succède à un dirigeant perclus de bashing et peu narcissique …lui porte beau et fait figure de gendre idéal ;
  • La droite veut une France forte…il se transforme en Jupiter !
Le magicien joue de la cape et de la baguette comme nul autre !
 
Le revirement : En magie, le revirement, c’est le moment où la colombe disparaît… on a peur, mais on sent que ça va s’arranger ! Et c’est là que ça se gâte, parce qu’au spectacle, on s’arrange pour que l’incertitude ne soit pas trop longue…

Mais dans la vraie vie, la France d'Emmanuel Macron n’en finit pas de découvrir des colombes crevées derrière le rideau de scène !

  • C’est l’hiver et les SDF meurent dans la rue…de plus on cherche querelle à ceux d’entre eux qui sont réfugiés ! Si les humanitaires et les associations n'étaient pas là, ce serait encore plus catastrophique. Un ministre en vient même à dire qu'il y a 50 SDF à Paris (dont pas mal par envie délibérée de se cailler dehors)...manque de bol, les associations en trouvent 3000 ! On a des ministres qui ont des problèmes de vue, de calcul voire de jugement. Là c'est grave !
  • Sur fond d’augmentation de la CSG, on fait subir aux retraités une des baisses de niveau de vie les plus phénoménales de ces dernières années… ils avaient pris l’habitude de la stagnation, ils goûtent à la chute libre ! Dire que certains ont voté pour la main qui les gifle...ça doit faire encore plus mal !
  • Alors pour le niveau de vie des petits revenus, au-delà des effets d’affichage de la taxe d’habitation qui met du temps à être supprimée, ils se prennent dans la figure, des augmentations dans pratiquement tous les domaines...ils sont dépités, démoralisés... mais pas déçus, car ils sentaient l'embrouille. Ils ont l'habitude que des mecs en costards viennent les embrouiller ! Pas sûr qu'ils supportent encore longtemps d'être pris pour des andouilles !
  • Le relèvement des salaires se fait modérément, par la baisse des charges salariales, soi-disant... mais il y a un serpent dans le placard : bientôt les services publics afférents à la santé notamment, qui étaient du salaire différé, vont devenir de plus en plus privés et…de plus en plus payants,
  • Le fameux champion à l’international, que devait devenir la France, se prend un peu les pieds dans le tapis. Heureusement que Trump est nul…ça atténue le contraste. Mais Jupiter a du mal à se faire entendre du turc Erdogan et regarde ailleurs lorsque celui-ci massacre les Kurdes en Syrie par exemple, sur le front syrien d'ailleurs, le champion européen a du mal à se faire comprendre etc… etc…
  • Alors, sur l’ISF, soyons justes : là il y a engagement tenu. Nos chers (très chers) riches vont gagner (en moyenne) 62000 euros par an, de quoi financer un bout de Porsche…a minima… par contre, on a pas la cartographie de ceux qui ayant bénéficié du cadeau, ont augmenté leurs investissements… De plus, l’étiquette de « président des riches » colle désormais à la peau de Jupiter !
  • En ce qui concerne l'engagement pour une politique plus vertueuse, faudra attendre… Le mandat commence par des démissions remarquées, (le Modem explose en plein vol) par des oublis dans les déclarations de patrimoines, par une petite histoire de financement délicat d’une certaine nuit de fête high tech à Las Vegas par la ministre du travail, pour son bon maître actuel, alors en charge d’autres responsabilités dans le gouvernement précédent… de plus, on augmente le train de vie des députés, qui crient soi-disant famine et qui visiblement n’ont qu’une idée théorique de la notion de faim…
  • La modernisation du secteur public devient la suppression du statut des cheminots…Et on entendra même cette phrase remarquable rétorquée à un syndicaliste cheminot au salon de l'agriculture, devant un parterre de solides ruraux : "vous me demandez de préserver votre statut alors que les agriculteurs n'en ont pas, vous vous rendez compte !" Mais oui monsieur le Président, on se rend compte qu'au lieu de massacrer le statut des cheminots, il serait urgent de monter un statut des agriculteurs, digne de ce nom ! Mais ça l'illusionniste, il n'en parle pas !
  • Pour les jeunes...on s'en occupe ! On commence par réduire leur allocation logement et on travaille à durcir la sélection à l'université … entre autres déplaisirs ! Là on est sûr que le gars ou la fille qui sortiront de là avec un diplôme et un métier, ils pourront jouer à la tombola pour gagner un statut de premiers de cordée !
  • La patrie des Lumières et des Droits Humains expulse à tout va, détruit des campements de fortune et proclame son échec comme un droit acquis, « parce que nous le valons bien ! ». Bientôt nos pays limitrophes viendront nous réexpliquer ce qu'est le statut de réfugié politique...
  • Alors, il y a aussi les Corses et je ne veux surtout pas oublier les Corses (les Bretons, c'est apparemment Wauquiez qui a commencé a bien s'en occuper)…ils n’étaient pas très bavards là-dessus à En Marche, mais c’est tout autre chose, lorsque l'empereur du Touquet va les voir et leur explique qu’ils n’ont rien compris à l’Histoire de la Corse ! Je suis sûr que ce genre de déclarations aide beaucoup le relationnel.
  • Et l’Environnement me direz-vous ? Ben là aussi, l’était pas très bavard le sauveur de la COP 21 pendant la campagne…mais il s’était offert le Joker, le poker d’As : "Nicolas Ushuaïa" en personne ! Sur le coup on était un peu bluffés, faut bien le dire ! Mais pas les loups, qui furent les premiers à trinquer… Et puis bien vite : sur les énergies alternatives, marche arrière ; sur le nucléaire vétuste, marche avant ; sur le glyphosate, interdiction bientôt, puis finalement, pas si bientôt que ça, faut voir !!! Le pauvre Nicolas, on lui fait avaler son chapeau plusieurs fois par semaine !
  • Pour conclure…sur la modernisation du monde du travail : en fait de modernisation il s’agissait de saccage du code du travail… sans doute une erreur sur le choix des mots au niveau du prompteur de Jupi 1er ! Et côté massacre, il s’y connaît le gaillard ! On ne devrait jamais donner les poules à garder au renard ! Et c'est pas fini...

Le prestige : C’est dans le tour de magie, l’instant où l’on pousse un « ouf ! » de soulagement suivi d’un « Oh ! » d’ébahissement.

Bon, le prestige, ça ne marche que si le magicien est excellent…autrement c’est la déception et dans certains endroits de l’ouest américain on raccompagnait l’incapable à la sortie de la ville, avec du goudron et des plumes, ficelé avec le tricheur aux cartes…quand ce n’était pas le même.

Il est vrai que le magicien a encore quatre années de mandat et qu’on est plutôt dans « le revirement »… mais, en mai cette année, il y a un alignement de planètes inquiétant pour l’intéressé, et certains préparent déjà le goudron et les plumes !

Alors on pourrait décrire ce que serait un prestige complètement raté , non ?

  • Des riches encore plus riches et plus arrogants,
  • Une industrie moribonde voire disparue vers d’autres cieux lointains,
  • Une santé dont les personnels ruinés et épuisés tomberont sous les coups de contrôles de gestion et de cliniques privées pour premiers de cordée… Une sécurité sociale renflouée mais dont il faudra enlever le mot sécurité… des mutuelles privées adossées à des assureurs obèses, enrichies, devenues banques hypothécaires de la santé publique
  • 10 ou 15 millions de vrais pauvres…mais avec un taux de chômage statistiquement montrable aux voisins allemands dans "des concours à qui a la plus longue" !
  • Des employés de classes moyennes courant après leurs « crédits-santé » pour payer lunettes, opérations voire soins ordinaires…
  • Des salariés réorientés vers les petits boulots pour mettre au bout…le prof veilleur de nuit dans un hôtel, l’ingénieur chauffeur de taxi, l’informaticien manutentionnaire dans une multinationale du commerce en ligne, le cheminot plâtrier-plaquiste le week end …, le paysan coursier à scooter…
  • Un magnifique cycle économique dont Sarko avait rêvé et qui ressemble à la belle Amérique de Trump le flingueur, c'est à dire :
  • des riches richissimes qui encaissent les dividendes d’une économie qu’ils dirigent à la baguette, des politiciens sponsorisés qui ramènent le nonos ou la baballe quand on siffle, des classes moyennes qui courent dans tous les sens pour faire des boulots d’expertise et d’encadrement pas trop payés et enfin, de vrais pauvres disponibles pour alimenter une activité économique dont la flexibilité est le premier commandement !


Alors chers concitoyens, si vous partagez la vision du bonheur prônée au sein de ce monde là, je vous le dis, vous allez être servis ! Régalez vous… c’est vous qui payez la tournée !

Enfin, je voudrais rappeler que la magie aime bien jouer avec les paradoxes, c'est pourquoi je vous rappelle que : l'on vous propose de travailler jusqu'à bientôt 70 ans, alors que bon nombre d'entreprises licencient des salariés cinquantenaires...et que parallèlement, elles s'opposent à une réduction du temps de travail et, de fait, à un partage du travail. L'on vous dit que la SNCF va mal et que pour l'assainir, on propose de démolir le statut de gens payés 1800 ou 2000 euros, pendant qu'on recycle comme ministre des armées, une dame qu'on a salariée à plus de 50 000 euros par mois, dans cette même SNCF... alors qu'elle patientait entre deux jobs... et vous compléter la liste sans moi !


J’allais oublier... en magie, c’est le public qui décide de l’issue du prestige… pas le magicien. Lui il attend le verdict des applaudissements... ou des huées !